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Vingt ans après la loi sur la laïcité, le texte est aujourd’hui largement soutenu par les enseignants

La loi de 2004 qui interdit « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » a-t-elle changé la vie des établissements scolaires ? Vingt ans après l’adoption de ce texte pensé pour clarifier les règles applicables dans l’enceinte de l’école, il fait aujourd’hui l’objet d’un large consensus parmi les enseignants et les chefs d’établissement. Même si des lignes de fracture persistent.
Au moment où le texte est promulgué, le 15 mars 2004, les débats sont vifs. Les chefs d’établissement travaillaient « dans le plus grand flou », selon le mot de l’un d’entre eux. « Je me souviens des questions que cela posait quand des jeunes filles arrivaient voilées en cours », se souvient Iannis Roder, professeur d’histoire et coauteur de Préserver la laïcité (L’Observatoire, 200 pages, 20 euros), qui enseigne depuis 1998. Il fallait prouver qu’il y avait prosélytisme… Les chefs d’établissement se retrouvaient régulièrement dans l’embarras. »
Au début des années 2000, des « affaires » éclataient de loin en loin, en particulier dans les établissements de quartiers populaires, où les élèves musulmans sont plus présents. « Il y avait une pression, qui ne s’exerçait évidemment pas partout, mais qui existait », se souvient Philippe Guittet, qui était alors proviseur et secrétaire général du syndicat SNPDEN-UNSA, et fut auditionné en cette qualité en 2003 par une commission dirigée par Bernard Stasi, chargée de plancher sur le texte.
« Notre syndicat était farouchement pour ce texte, avec le collectif Ni putes ni soumises et le syndicat UNSA-Education », rapporte l’ancien proviseur. Les autres syndicats d’enseignants, eux, ne se prononçaient pas, voire, pour une minorité d’entre eux, s’inquiétaient : « Il y avait quand même cette idée qu’interdire quelque chose n’était jamais une bonne idée », résume Philippe Guittet.
Ghislaine Hudson, qui était proviseure à l’époque et seule membre de la commission Stasi en cette qualité, s’en souvient. « Au début, je n’étais pas pour, raconte-t-elle. J’avais peur que cette interdiction ne génère des tensions, qu’elle ne crée plus de problèmes qu’elle n’allait en résoudre. Et je n’étais pas la seule : beaucoup de membres de la commission étaient dubitatifs. On craignait, par exemple, que les jeunes filles voilées ne quittent l’école. » La proviseure, devenue depuis médiatrice de l’académie de Paris, finit par voter le texte « après beaucoup d’hésitation » et « parce qu’il fallait retrouver une forme de règle commune dans les établissements ».
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