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Autoroute A69 : la guerre d’usure continue entre les opposants et le gouvernement

Sur le dossier de l’autoroute A69, 53 kilomètres prévus entre Castres (Tarn) et Toulouse, le gouvernement est de nouveau sous pression. Lundi 4 mars, le militant écologiste Thomas Brail a grimpé en haut d’un platane en face du ministère de la transition écologique, boulevard Saint-Germain à Paris, comme il l’avait fait en septembre 2023. Aussitôt, le fondateur du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) a demandé à être reçu par le ministre Christophe Béchu. Il voulait évoquer avec lui la situation des « écureuils » qui défendent les chênes et les platanes de la Crem’Arbre, le nom de la zone à défendre (ZAD) installée sur la commune de Saïx (Tarn) sur le tracé de la future autoroute – un projet anachronique, selon les opposants, un moyen de désenclaver le sud du Tarn, pour ses promoteurs. Selon les associations comme la Voie est libre et le GNSA, les cinq activistes toujours perchés n’étaient plus ravitaillés depuis deux semaines.
« Il est nécessaire d’appeler l’Etat à respecter les préconisations de l’ONU, nous continuerons à mettre la pression régulièrement », confie M. Brail, qui s’est entretenu avec deux conseillères avant de lever le camp. Dans la soirée de lundi, le parquet de Toulouse a autorisé les avocates des militants et des associations, Claire Dujardin et Alice Terrasse, à aller parler à leurs clients et à leur apporter des sacs de nourriture. Mais, selon les avocates, les forces de l’ordre ont bloqué les bouteilles d’eau.
Le 29 février, le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, avait demandé à la France de prendre des « mesures immédiates » afin d’assurer la protection des militants face à la « gravité des observations » faites sur place lors de sa mission des 22 et 23 février. Il a réclamé « une enquête et des sanctions », notamment pour des actes de privation de sommeil, de nourriture et d’eau potable de la part des forces de l’ordre. A la suite de ce rapport, les opposants ont saisi en urgence la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Dans une décision rendue mercredi 6 mars, la CEDH a rejeté leurs demandes, rappelant que ces « mesures d’urgence ne s’appliquent qu’en cas de risque imminent de dommage irréparable ».
Dans sa réponse à la CEDH, que Le Monde a pu consulter, le gouvernement nie tout acte de privation de sommeil ou de ravitaillement. Contactée, la préfecture du Tarn, qui dirige les opérations sur place, est sur la même ligne, malgré les nombreux témoignages des militants dans la presse ou les constats dressés par le rapporteur spécial des Nations unies. « Le groupe spécialisé de la gendarmerie est chargé de négocier avec les opposants afin que ces derniers quittent les arbres : les consignes sont d’opérer en toute sécurité », explique la préfecture, qui affirme que les forces de l’ordre n’ont pas voulu empêcher les « écureuils » de dormir mais « ont pu utiliser leurs lampes torches pour vérifier qu’il n’y avait pas d’incident dans les arbres, de manière ponctuelle ».
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